a tout, éclat, sonorité, pensée, que lui manque-t-il donc ? et comment n’y verrions-nous point le chef-d’œuvre de la poésie de ce temps ?
Hugo conserve pourtant ses fanatiques, dans les provinces surtout (tel Brébeuf aux temps de Boileau). Et l’un d’entre eux répond à cela :
« Ce qui manque à ce Qaïn qui a tant de choses ? il lui manque un peu d’humanité, tout bonnement. M. Jules Lemaître l’a comparé au Prométhée d’Eschyle.[1] Mais, encore qu’il soit un demi-dieu, Prométhée est un homme. Et l’Éloa du divin Vigny est une femme aussi ; et c’est ce qui fait d’Éloa et de Prométhée d’éternels chefs-d’œuvre. Ces poèmes-là ne contiennent pas seulement de beaux tableaux, et, par dessous, de beaux symboles, ils contiennent aussi des « drames » (entendez le mot au sens le plus haut). Qaïn n’est qu’une marionnette énorme, qui fait des gestes pendant que le poète dit de beaux vers. M. Leconte de Lisle a ceci de commun avec Hugo qu’il n’est point un créateur d’âmes.
- ↑ Les Contemporains, 2e série.