Page:Tellier - Nos poètes, 1888.djvu/22

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rien. Il est sûr qu’on peut faire plus de bruit avec un clairon qu’avec une voix d’homme. M. Leconte de Lisle a un clairon, et voilà tout. S’il est pour cela un plus grand poète que Hugo, c’est donc que les vers de Néron que cite Perse : « Torva Mimalloneis… »[1] sont les plus admirables des hexamètres latins, car ils sont d’une sonorité prodigieuse ; et que l’Enlèvement de Proserpine est un plus beau poème que l’Énéide. Et, je ne sais comment, je n’aurais rien à opposer à ces affirmations qu’elles m’inquièteraient encore. Vive après tout notre vieux Hugo ! ainsi que disait Sévigné de Corneille. Pardonnons-lui de méchants vers en faveur de son génie, et, si fort qu’on se flatte de l’avoir remplacé, continuons de le regretter tout de même… »

III

Le diable soit des faiseurs de parallèles ! Ne vous semble-t-il point que cet exalté fait une pauvre besogne en s’acharnant à rabaisser M. Leconte de Lisle au profit de Hugo ? et que la nôtre n’était guère meilleure (mais nous nous en doutions un peu), quand tout à l’heure nous nous

  1. Perse. Satire I.