Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/34

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l’esprit restait imperturbablement jeune, mais que l’on sentait maintenant frappé à mort.

Et voici que commence 1900, l’année qui va être terrible ! Marcel Bertrand s’est remis au travail, dans une sorte de fièvre qui contraste avec sa sérénité habituelle : mais l’on peut croire que c’est pour tromper son chagrin et ses angoisses. Dans sa façon de parler, et surtout d’écrire, il y a plus que de l’ardeur, et même plus que de l’enthousiasme ; il y a quelque chose qui ressemble à de l’exaltation : mais l’horizon sous ses yeux s’est tellement agrandi, lui-même monte depuis si longtemps dans la connaissance et d’un pas si rapide, que cette exaltation semble, à ses amis, toute naturelle, et que personne ne songe à s’en alarmer.

L’étude attentive des singularités tectoniques du bassin houiller du Gard l’a ramené à la recherche de la solution générale du problème de l’orogénie. Les faits lui paraissent maintenant assez nombreux, et assez semblables partout, dans le Gard, en Provence, dans les Alpes, pour que l’on puisse essayer de les relier par une théorie mécanique. La naissance d’une chaîne de montagnes, en Europe, comporterait les quatre phases suivantes : formation d’une grande fosse géosynclinale sur l’emplacement d’une zone où il y avait excès de la pesanteur ; création d’un bourrelet au sud de la fosse, ce bourrelet n’étant que la compensation de l’affaissement du géosynclinal et de la lente translation de son fond du nord vers le sud ; descente de ce bourrelet, sans cesse reformé et renouvelé, sur la fosse qu’il recouvre d’une nappe de charriage ; enfin, élévation en masse de l’édifice sous-marin ainsi construit. Si l’on suppose que ces mouvements très simples soient uniformes, on peut représenter les vitesses par les espaces parcourus et leur appliquer les théorèmes de la conservation du centre de gravité et de la conservation des aires. Cela conduit à la conception d’un déplacement