Page:Termier - Marcel Bertrand, 1908.djvu/46

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qui s’applique si bien à Eduard Suess, est tout aussi vraie de Marcel Bertrand. Dans les pays de langue française, je ne connais pas à l’heure présente un seul géologue qui n’ait été plus ou moins nourri de la substance de Marcel Bertrand, qui, consciemment ou inconsciemment, ne soit son disciple. L’école française lui doit son éclat actuel et ses récents succès ; et tous ceux, dans le monde entier, qui sentent en ce moment le rayonnement de cette école et qui cherchent à appliquer ses méthodes d’observer et de raisonner, tous ceux-là, pour la plupart sans le savoir, marchent sur les traces de ce Maître et travaillent à la lueur des flambeaux qu’il a allumés. Quelques-uns le savent et le disent ; et c’est ainsi que, en janvier 1907, peu de jours avant la mort de Marcel Bertrand, dans une conférence sur la structure des Alpes suisses[1], M. Albert Heim, le célèbre professeur de l’Université de Zurich, traçant une rapide histoire du développement de la théorie des grandes nappes, rappelait que, dès 1884, Marcel Bertrand a expliqué les Alpes de Glaris à peu près exactement comme on les explique aujourd’hui. Le conférencier ajoutait ces paroles, où il y a, tout à la fois, beaucoup de modestie et beaucoup d’émotion : « Wir schüttelten ungläubig den Kopf, und eine Reihe von Jahren blieben diese Hinweisungen von Bertrand vergessen. Heute erfüllt uns Bewunderung vor dem Seherblick unseres Freundes, der, leider jetzt in schwerer geistiger Umnachtung dahinträumend, die Freude nicht mehr mit uns empfinden kann. » Mais il faudrait, pour montrer complètement la part de Marcel Bertrand dans le progrès des théories alpines, ajouter bien des choses. Il faudrait dire que les phénomènes de recouvrement signalés par lui dans la Provence sont devenus classiques en France dès 1890 ; que tous ceux d’entre nous qui ont, de 1890 à

  1. Alb. Heim, Der Bau der Schweizeralpen (Neujahrsblatt der natur-forsch. Gesellsch. In Zürich auf das Jahr 1908).