Page:Terrail - La France socialiste.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traits de cette curieuse espèce d’hommes. Aucune vie ne présente moins d’unité. Il était nationaliste, il avait la haine de l’Allemand et de la sympathie pour le Latin, et il fut par ambition internationaliste. Il commença par être libéral et loyaliste en Russie ; il loua le tzar Alexandre II, que, dans un écrit célèbre, il appela, après l’émancipation des serfs, le tzar des paysans, et il devint un apôtre de la destruction de toutes les monarchies, un régicide.

Quand il fut prisonnier, il n’hésita pas à solliciter les faveurs du gouvernement dont il s’était déclaré l’ennemi intraitable. Il employa toutes ses influences de famille et toute sa séduction personnelle pour trouver les moyens de s’évader. Il s’humilia. Délivré, il rentra dans le parti révolutionnaire, vouant à la mort le souverain dont la générosité l’avait aidé à reprendre sa liberté, inconscient de son ingratitude, tout plein seulement de ressentiment contre « la tyrannie » qui, en l’emprisonnant, l’avait contraint à ruser pour s’ouvrir les por-