Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/245

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pendant un seul jour, avec les éléments grossiers d’un pain et d’un poisson, ni cinq mille hommes seulement que le Dieu de la loi ancienne nourrit autrefois. Le prodige se renouvela pendant quarante ans, avec la manne céleste, et pour six cent mille hommes. Au reste, la majesté divine fut tellement la même des deux côtés, qu’elle voulut d’après l’exemple déjà donné, non-seulement que la nourriture, tout exiguë qu’elle était, suffît aux besoins de la multitude, mais qu’elle les dépassât de beaucoup. Ainsi, dans un temps de famine, sous le prophète Elie, les modiques et dernières provisions de la veuve de Sarepta s’étaient prolongées au-delà du temps de la famine, grâce à la bénédiction du prophète. Le fait est consigné au troisième livre des Rois. Si tu ouvres le quatrième, tu y trouveras la conduite du Christ écrite d’avance dans les actions de l’homme de Dieu. Il ordonne qu’on distribue au peuple les vingt pains d’orge qu’on lui avait présentés. « Qu’est-ce que cela pour cent personnes ? » lui réplique son serviteur, qui comparait le nombre des assistants à l’exiguïté de la nourriture. « Donne, lui dit-il, et ils mangeront ; car voici, ce que dit le Seigneur : Ils mangeront ces pains, et il en restera. Ils mangèrent en effet, et il en resta, suivant la parole du Seigneur. » O Christ ancien jusque dans sa nouveauté ! Voilà pourquoi Pierre, confrontant les merveilles dont il avait été le témoin, avec les miracles de la loi. ancienne, reconnaît non-seulement le passé, mais dans le passé la prophétie de l’avenir. « Et vous, qui. dites-vous que je suis ? » lui demande son maître. Alors il lui répond au. nom de tous : « Vous êtes le Christ. » Il n’a pu avoir le sentiment d’un autre Christ que de celui qu’il connaissait par les Ecritures, et dont il confrontait les actions avec les prophéties. Le Christ lui-même confirme son témoignage en l’acceptant, que dis-je ? en recommandant le silence. En effet, si d’un côté Pierre n’a pu le promulguer que comme le Christ du Créateur ; si, de l’autre, le Christ lui prescrit le silence sur la déposition de