Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/260

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Les insensés n’y marcheront pas. Aucun lion, aucune bête farouche n’y entrera. » Ge chemin mystérieux signifiant la foi par laquelle nous parviendrons à Dieu, c’est donc à ce chemin, c’est-à-dire à la foi, qu’il promet la faculté de détruire ou de soumettre les bêtes féroces. Enfin, pour peu que tu lises le texte précédent, tu reconnaîtras que le temps de la promesse était arrivé. « Fortifiez-vous, mains languissantes ; affermissez-vous, genoux tremblants ! Alors les yeux de l’aveugle et les oreilles du sourd s’ouvriront ; le boiteux bondira comme le cerf, et la langue du muet sera prompte et rapide. » Tout s’accorde : là où il consigne le bienfait de ses guérisons, il soumet à ses saints les scorpions et les serpents, ce même Dieu qui avait reçu d’abord cette puissance de son Père, afin de la communiquer aux autres, et qui la manifesta conformément à la marche des prophéties.

XXV. Quel maître du ciel invoquera-t-il, sinon celui qui en est visiblement le Créateur ! ce Père ! Seigneur du ciel et de la terre, je vous rends grâces d’avoir dérobé ces choses aux sages et aux prudents, et de les avoir révélées aux petits ! » Quels sont ces mystères ! à qui sont-ils ? qui les cache ? qui les révèle ? le Dieu de Marcion ? Mais il n’avait, par le passé, rien produit, au dehors qui pût renfermer quelque mystère, ni prophétie, ni parabole, ni vision, ni action, ni parole, ni nom couvert du voile de l’allégorie, de la figure et de l’énigme ; il y a mieux : il avait toujours étouffé sa majesté elle-même, qu’il révélait alors par l’intermédiaire de son Christ, iniquité flagrante ! quel était donc le crime des sages et des prudents du siècle, pour se cacher à leur intelligence ? Ni leurs lumières, ni leur sagesse ne pouvaient s’élever spontanément jusqu’à un Dieu qui n’avait manifesté son existence par aucune œuvre, à la voix, et comme à la trace de laquelle ils pussent le découvrir.

Mais je l’accorde ; ils avaient offensé, je ne sais comment, un Dieu inconnu. Supposons qu’il cessa de l’être ; du