Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/310

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est-à-dire l’autre dieu, a jugés dignes de la résurrection, ne se marient pas ici-bas, parce qu’ils ne sont pas les enfants du siècle présent. Illusion grossière, puisque le Christ, interrogé sur le mariage dans l’autre vie, et non pas dans la vie de la terre, avait déclaré que le mariage dont il était question n’existait pas. Aussi ceux qui avaient pu voir la force qu’il avait mise dans l’expression, dans la prononciation et dans la distinction qu’il établissait, ne comprirent-ils que ce qui se liait naturellement à l’objet de leur question : « Maître, s’écrièrent les scribes, vous avez bien répondu. » En effet, il avait confirmé le dogme de la résurrection, en le produisant tel qu’il est, contre l’opinion des Sadducéens. Pour dernière preuve, il ne récusa point le témoignage de ceux qui avaient interprété sa réponse dans ce sens.

Si les scribes considéraient le Christ comme fils de David, et « que David lui-même l’appelle son Seigneur, » qu’importe au Christ ! David ne réfutait point l’erreur des scribes, il rendait hommage au Christ dont il confirmait la divinité bien plus qu’il n’attestait sa filiation terrestre, ce qui ne conviendrait pas à l’ennemi du Créateur. Mais, de notre côté, comme tout se lie et s’enchaîne dans l’interprétation ! Ce même fils de David, invoqué tout à l’heure par l’aveugle, et gardant le silence sur ce nom, parce que les scribes n’étaient pas là, maintenant qu’ils l’environnent et l’écoutent, leur divulgue à dessein et de lui-même ce mystère. Il voulait se déclarer aussi le Seigneur de ce même David, dont l’aveugle, selon l’interprétation des scribes, ne le proclamait que le fils ; d’un côté récompensant la foi de l’aveugle qui le croyait fils de David ; de l’autre, censurant les traditions des scribes qui ne le reconnaissaient pas pour Seigneur. Quel autre que le Christ du Créateur s’occuperait avec autant de zèle de tout ce qui intéresse la gloire du Créateur ?

XXXIX. Notre démonstration précédente sur la propriété des noms a établi qu’ils appartiennent de droit à qui annonça