Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/319

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« Venez ; jetons le bois sur son pain, » c’est-à-dire la croix sur son corps. Aussi le Dieu qui éclaircit les symboles a-t-il déclaré suffisamment ce qu’il a voulu entendre par pain en donnant ce nom à son corps. De même, dans le souvenir du calice, lorsqu’il établit le testament qu’il scella de son sang, il confirma de nouveau la réalité de son corps. Point de sang dans un corps, à moins que ce corps ne soit de chair. Vainement on nous oppose des corps qui ne sont pas de chair, toujours est-il qu’aucun corps n’aura de sang, s’il n’est de chair. La réalité du corps se fortifie donc par le témoignage du sang. Isaïe va t’aider aussi à reconnaître dans le vin l’antique symbole du sang. « Quel est, dit-il, celui qui vient d’Edom et de Bosra avec des habits teints de sang ? Quel est cet homme beau dans sa parure et qui marche avec tant de majesté ? Pourquoi votre robe est-elle rouge et pareille aux vêtements de ceux qui foulent la vendange ? » C’est qu’en effet l’esprit prophétique, contemplant déjà le Seigneur qui marchait au-devant de sa Passion avec les vêtements de sa chair mortelle, dans laquelle il allait souffrir, désigne sous la pourpre éclatante des habits cette chair mutilée et broyée sous le pressoir de la tribulation, parce que les vendangeurs descendent du pressoir comme ensanglantés par le vin. La Genèse, dans la bénédiction de Juda, de la tribu duquel devait sortir le Christ fait homme, signalait déjà plus clairement encore la personne du Christ : « Il lavera sa robe dans le vin, et son manteau dans le sang de la vigne, » nous montrant ainsi sa chair dans cette robe et ce manteau, de même que son sang dans ce vin mystérieux. Voilà pourquoi celui qui représentait alors son sang par le vin, consacre aujourd’hui son sang sous les apparences du vin.

XLI. « Malheur, dit-il, à celui par qui le Fils de l’Homme est livré ! » Il est donc bien constaté que ce mot malheur ! est un cri d’imprécation et de menace, qu’il faut attribuer à un maître offensé et irrité, à moins quel l’