Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/326

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les femmes. Cette hésitation prouvait qu’ils n’avaient pas cru qu’il fût ce qu’ils l’avaient toujours cru. Voulant donc être cru ce qu’ils l’avaient réputé, il les confirme dans leur foi précédente au Christ du Créateur, Rédempteur d’Israël.

Quant à la réalité de son corps, quelle preuve plus manifeste ! Aux disciples qui doutent s’il n’est pas un fantôme, tranchons le mot, qui le prennent pour un fantôme, il dit : « Pourquoi vous troubler ainsi ? pourquoi de pareilles pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; c’est moi-même : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. »

Marcion a gardé à dessein dans son évangile quelques passages qui lui sont contraires, afin, j’imagine, de s’autoriser des textes qu’il a gardés, quoique pouvant les retrancher, pour nier ses suppressions ou du moins les justifier. Il n’épargne que ceux qu’il a l’espoir de ruiner par une interprétation mensongère, autant que par la suppression. Il veut donc que dans ce passage, « un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai, » ces mots, « comme vous voyez que j’en ai, » se rapportent à l’esprit, afin de signifier qu’il n’a ni chair ni os à la manière d’un esprit. Mais pourquoi tous ces détours, lorsqu’il pouvait dire simplement : Un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que je n’en ai point ? Pourquoi alors offrir à leur examen ses pieds et ses mains, membres formés d’os, s’il est vrai qu’il n’avait pas d’os ? Pourquoi ajoute-t-il : « Sachez que c’est moi ; » c’est-à-dire celui qu’ils connaissaient autrefois pour avoir un corps réel ? Ou bien s’il était de manière ou d’autre un fantôme, pourquoi réprimander ceux qui le prennent pour un fantôme ? Malgré ces témoignages, ils ne croient pas encore. Il demande de la. nourriture, pour les convaincre par cette nouvelle attestation qu’il était homme.

Nous avons rempli, du moins je l’imagine, notre engagement. Nous avons démontré par les oracles des prophètes,