Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/339

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foi. Et de quelle foi, sinon de celle d’Abraham ? En effet, « si Abraham crut à la parole de Dieu, si sa foi lui fut imputée à justice, méritant ainsi d’être le père de nombreuses nations ; » si nous-mêmes, en croyant à ce Dieu, nous sommes justifiés comme Abraham, et obtenons la vie dont il est dit : « Le juste vit de la foi ; » il ne faut pas chercher d’autre explication. L’apôtre nous a appelés précédemment « enfants d’Abraham, » parce qu’il est notre père dans la foi. Ici il nous nomme les enfants de celle même foi, au nom de laquelle il avait été promis à Abraham qu’il serait le père des nations.

D’ailleurs, proscrire la circoncision de la chair, n’était-ce pas nous déclarer enfants d’Abraham, qui avait cru à la parole divine dans l’intégrité de sa chair ?

Enfin, la foi d’un dieu qui n’a rien de commun avec le nôtre, ne pouvait emprunter à notre Dieu des dogmes qu’elle repousse, ni imputer la foi à justice, ni faire vivre les justes de la foi, ni proclamer les Gentils enfants de la foi. La foi ancienne et la foi nouvelle appartiennent donc tout entières, le sens le dit assez, à ce dieu qui les avait déjà manifestées l’une et l’autre par la vocation d’Abraham.

IV. Il poursuit : « Mes frères, je parlé ici à la manière de l’homme. Lorsque nous étions encore enfants et placés sous les premiers éléments, il fallait nous y soumettre. » Ce n’est pas là une figure de langage ordinaire, ni une allégorie, mais la simple vérité. En effet, quel est l’enfant, et les Gentils sont-ils autre chose ? quel est l’enfant qui ne soit assujetti aux éléments du monde et ne les adore au lieu de la Divinité ?

Mais ce qui milite pour nous, c’est quand il dit, à la manière de l’homme : ((Toutefois personne ne viole le testament d’un homme, ou n’y ajoute. » En donnant l’exemple d’un testament humain, que l’on maintient, il défendait le testament divin. Or les promesses de Dieu ont été faites à Abraham et à celui « qui devait naître de lui. » Saint Paul ne dit pas, « aux races, » comme s’il eût voulu en marquer