Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/340

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plusieurs ; mais « à sa race, » comme en parlant d’un seul : et ce « fils de sa race, » c’est le Christ. Que Marcion rougisse de ses altérations. Je me trompe, lui prouver l’audace de ses suppressions est chose inutile, quand les passages que sa main a épargnés servent à le mieux réfuter encore.

« Mais lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils. » Toujours celui qui créa la succession des siècles dont se compose le temps ; qui disposa les soleils, les lunes, les astres et les constellations, pour servir do régulateur à sa durée ; qui enfin arrêta d’avance et prophétisa que l’avènement de son fils aurait lieu vers la fin des siècles. Ecoutons Joël : « Vers la fin des temps, dit-il, le soleil brillera sur la montagne de Sion, et je répandrai mon esprit sur toute chair. » A celui de qui relèvent la fin et l’origine des temps d’attendre avec patience qu’ils soient accomplis ! Mais ton Dieu oisif, sans œuvres, sans prédication, sans âges, qu’a-t-il fait pour contribuer à l’accomplissement des temps ? Rien, diras-tu. Mais alors quelle stérile impuissance que d’attendre les révolutions marquées par un autre, esclave des volontés du Créateur ?

Dans quel but Dieu « a-t-il envoyé son Fils ? » Pour racheter « ceux qui étaient sous la loi, » c’est-à-dire « pour rendre droits les sentiers tortueux, pour aplanir les raboteux, selon Isaïe ; pour que les cérémonies anciennes disparussent devant une loi nouvelle, » ajoute le même prophète. « La loi est sortie de Sion, et la parole du Seigneur de Jérusalem, afin que de Gentils que nous étions, nous devinssions les enfants adoptifs ; » car les Gentils n’étaient pas les enfants. « Il sera la lumière des nations, et les nations espéreront dans son nom. » Aussi, pour attester que nous sommes les enfants, « Dieu a envoyé dans nos cœurs son esprit qui crie : Mon père ! mon père ! Vers la fin des derniers temps, dit-il, je répandrai mon esprit sur toute chair. » A qui la grâce, sinon à l’auteur de la promesse ? Quel est le père, sinon celui qui