Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/345

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t-il, parce que, suivant l’Ecclésiaste, « à chaque chose son temps. » « Le monde est crucifié, » pour moi, serviteur du Créateur ; le monde, et non le dieu du monde ! « Et moi je suis crucifié au monde ; » au monde, et non au dieu du monde ! L’apôtre a dit le monde, pour la vie du monde. Y renoncer, c’est nous percer tour à tour et nous donner réciproquement la mort. Et par le monde, il désigne les persécuteurs du Christ. Mais lorsqu’il ajoute : « Je porte sur mon corps les marques de Jésus-Christ, » (dès-lors stigmates corporels) si ces marques sont corporelles, le Christ avait donc, non pas une chair fantastique, mais un corps réel et véritable.

V. L’examen préliminaire de l’épître qui précède m’a conduit à ne rien dire du titre qu’elle porte, certain que cette discussion pourra se représenter ailleurs, surtout quand il s’agit d’un titre commun à toutes les épîtres, et le même pour chacune d’elles. L’apôtre, en effet, ne salue pas ceux auxquels il écrit par la formule ordinaire, mais par le salut « de la grâce et de la paix. » Je ne dis pas : qu’y avait-il de commun entre une coutume judaïque encore existante, et le destructeur du judaïsme ? Car aujourd’hui encore, les Juifs s’abordent an nom de la paix, et c’est ainsi qu’autrefois ils se saluaient, comme nous le voyons par les Ecritures. Mais il me devient évident que l’apôtre, par cette déclaration, confirmait l’oracle du Créateur : « Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent les biens, de ceux qui annoncent la paix ! » Le héraut qui proclamait l’apparition des biens, c’est-à-dire le don de la grâce de Dieu, savait bien que celle-ci était préférable à la paix. Mais comme, « en les proclamant au nom de Dieu notre Père et de notre Seigneur Jésus, » il emploie des mots communs à l’un et à l’autre et applicables à nos mystères, il sera impossible de discerner quel est « ce’ Dieu notre Père, » quel est « ce Seigneur Jésus, » à moins d’appeler a nôtre secours les propriétés qui les distinguent.

Je remarque d’abord que nul autre ne mérite le nom de