Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/380

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difficultés qu’on peut élever. Ici je me borne à craindre ; qu’un Dieu qui n’a rien créé sur la terre ne possède pas un ciel à lui, à moins qu’il ne jouisse à titre précaire du paradis du Créateur, comme il en a usé pour le monde. Paul est ravi au ciel du Créateur. Pourquoi cela me surprendrait-il ? Elie, dans l’ancienne loi, m’en offre un exemple. Toutefois voilà qui m’étonne bien davantage. Comment se fait-il qu’un Dieu débonnaire, qui ne sait ni frapper, ni sévir, donne à son apôtre, avec mission de le souffleter, non pas un ange qui lui appartienne, mais un ange du Créateur, un ange de Satan ? Trois fois la victime le conjure de l’éloigner d’elle ; trois fois il lui refuse cette grâce. Ne voilà-t-il pas que le dieu de Marcion, lui aussi, corrige à la manière du Créateur, poursuit de sa haine l’orgueil qui s’élève, et précipite du trône les puissants de la terre ? Ou plutôt n’est-ce pas lui-même qui donna pouvoir à Satan sur le corps de Job, « afin que la force se perfectionnât dans la faiblesse ? » Pourquoi l’apôtre qui reprend les Galates se conforme-t-il à la loi quand « il déclare que toute parole doit être assurée par la déposition de trois témoins ? » Pourquoi le prédicateur d’un Dieu débonnaire « menace-t-il les pécheurs de ne pas leur pardonner ? » Il y a mieux. Il affirme que « Dieu l’a autorisé à user du pouvoir avec plus de sévérité quand il sera présent. » Nie encore maintenant, ô hérétique, que ton Dieu ne soit redoutable, lorsque son apôtre voulait se faire redouter !

XIII. L’ouvrage tirant à sa fin, veut que nous traitions rapidement les questions qui se représentent, en laissant de côté celles qui ont été souvent agitées. Il me répugne de revenir sur la loi, après avoir prouvé tant de fois que son abrogation ne fournit aucun argument en faveur d’un Dieu opposé, puisque le Créateur l’a proclamé au nom du Christ, et qu’elle avait pour but l’avènement du Christ. Sans doute l’apôtre lui-même paraît reléguer bien loin de lui la loi ancienne. Mais nous avons prouvé souvent que l’