Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

a-t-il dit ou non : Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l’accomplir ? » L’habitant du Pont a essayé de nier cet oracle. Vains efforts ! Si ce n’est pas l’Evangile qui est l’accomplissement de la loi, voilà que la loi est l’accomplissement de l’Evangile. Heureusement encore pour notre cause, l’Apôtre, en terminant, nous menace du tribunal du Christ. Il juge et se venge : donc il est le Christ du Créateur. Nous prêchât-il un autre Dieu, Paul nous recommande de travailler à nous le rendre favorable, dès qu’il nous dit : « Redoutez sa colère ! »

XV. Il ne me répugnera point de m’arrêter un moment sur les Epîtres moins longues de l’Apôtre. Les plus petites choses ont aussi leur importance. « Les Juifs, est-il dit, avaient immolé leurs prophètes. » Qu’importe ce crime à l’apôtre d’un dieu, non-seulement étranger, niais débonnaire, qui ne sait pas même condamner les prévarications de ses adorateurs, et qui, en décréditant lui-même les prophètes, leur avait donné une sorte de mort ? En quoi Israël l’outrageait-il, quand il immolait ceux que lui-même avait réprouves ? Porter contre eux le premier une sentence de destruction, n’était-ce pas insulter au Dieu des prophètes ? Le censeur de cette grande iniquité est le héraut du Dieu outragé, tout autre du moins que l’ennemi du Dieu outragé. Il y a plus, à ce crime il ajoute un crime plus énorme. « Ils ont mis à mort le Seigneur et leurs prophètes, » dit-il, quoique ce mot leurs ait été ajouté par l’hérétique. Que des meurtriers qui n’ont pas épargné les prophètes de leur propre Dieu donnent la mort à un Christ qui annonçait un dieu étranger, je ne vois là aucun redoublement de cruauté. Dans l’intention de Paul, cependant, avoir tué le Christ et ses serviteurs est une aggravation de forfait. Or, s’ils ont égorgé le Christ du Dieu nouveau, égorgé les prophètes du Dieu créateur, l’Apôtre a dû égaler les outrages, et non les exagérer. Or il n’y avait pas lieu à égalité. Donc l’Apôtre n’a pu voir dans l’immolation du Christ une aggravation de forfait qu’autant qu’