Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/448

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il a pu avoir Dieu pour père, sans mère de condition humaine, de même, quand il naissait d’une Vierges, il a pu avoir une mère de condition humaine sans avoir un homme pour père. En un mot, l’homme est avec le Dieu par le mélange de la chair de l’homme avec l’Esprit de Dieu. Chair sans semence, voilà ce qu’il doit à l’homme ; Esprit avec semence, voilà ce qui vient de Dieu. Si donc une disposition pleine de sagesse voulut que le Fils de Dieu naquît d’une Vierge, pourquoi n’aurait-il pas reçu d’une Vierge ce corps qu’il a fait naître d’une Vierge ? Parce que, me répondent-ils, autre chose est le corps que la Vierge prit de Dieu. N’est-il pas dit : Le Verbe s’est fait chair[1] ? Cette parole exprime ce qui a été fait chair, sans signifier toutefois que ce qui a été fait, chair soit autre chose que le Verbe. Mais de savoir si c’est de la chair ou de cette divine semence que le Verbe a été fait chair, c’est à l’Ecriture de nous le dire. Puisque l’Ecriture ne s’explique que sur ce qui a été fait, sans nous apprendre de quel principe il a été fait, elle nous indique assez qu’il a été fait, non pas de lui-même, mais par un autre. S’il n’a, pas, été fait de lui-même, mais par un autre, examine maintenant de quel principe il est plus convenable de croire que le Verbe a été fait, plutôt que de la chair dans laquelle, il a été fait. Je n’eu veux point d’autre preuve que cette déclaration si formelle et si irrévocable de Notre-Seigneur : « Ce qui est né de la chair est chair, » parce qu’il est né de la chair.

Diras-tu qu’ici il n’a voulu parler que de l’homme et non de lui-même ? alors nie absolument l’humanité du Christ, et soutiens ainsi que ces paroles ne s’appliquent point à lui. Il y a plus. Il ajoute : « Ce qui est né de l’Esprit est Esprit, parce que Dieu est Esprit » et qu’il est né de Dieu. Assurément, ces mots se rapportent d’autant plus

  1. Ces hérétiques voulaient que le Christ se fût incarné de lui-même, sans avoir de mère.