Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XX. Mais jusqu’où ne descend point votre esprit de chicane, pour que, supprimant une syllabe qui joue le rôle de préposition, vous cherchiez à en substituer une autre qui ne se trouve pas en ce sens dans les Ecritures ! Vous dites : Jésus-Christ est né par la Vierge, et non de la Vierge ; il est né au sein, et non du sein ; parce l’ange dit à Joseph pendant son sommeil : « Ce qui est né en elle vient du Saint-Esprit, » au lieu de dire : Ce qui est né d’elle. Sachez-le cependant ! Quand même il eût dit : Ce qui est rie d’elle, c’eût clé dire : Ce qui est né en elle ; car ce qui était né d’elle était en elle. Dans elle ou d’elle a donc le même sens, puisque ce qui était en elle était aussi d’elle. Heureusement, Matthieu parcourant la généalogie du Seigneur depuis Abraham jusqu’à Marie, parle comme nous. « Jacob, dit-il, engendra Joseph, époux de Marie, de laquelle est né le Christ. » Mais voilà que Paul impose silence à tous nos grammairiens. « Dieu, dit-il, a envoyé son Fils fait de la femme. » A-t-il dit par la femme, ou dans une femme ? Il y a mieux. Pour employer une expression plus énergique, il le déclare fait plutôt que né. Il pouvait s’énoncer plus simplement en employant le mot ne. Mais en disant fait, outre qu’il a confirmé ces paroles : « Et le Verbe a été fait chair, » il a montré que la véritable chair de Jésus-Christ a été tirée de la substance de la Vierge.

Nous avons encore pour nous l’appui des Psaumes, non pas les Psaumes d’un Valentin, l’apostat, l’hérétique et le platonicien, mais ceux du très-saint prophète David, dont l’autorité est si bien reconnue. Ce prophète, par lequel le Christ s’est chanté lui-même, nous chante en ces mots le Christ : « C’est vous qui m’avez tiré du sein de ma mère. » Premier témoignage ! « Vous étiez mon espérance lorsque j’étais encore à la mamelle. Du sein de ma mère, j’ai été reçu dans vos bras. » Second témoignage ! « Vous étiez mon Dieu lorsque je suis sorti de ses entrailles. » Troisième témoignage !