Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/453

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en avons données. Il fallait que notre régénération fût vierge, c’est-à-dire lavée spirituellement de toutes ses souillures par Jésus-Christ, qui est vierge lui-même, même selon la chair, puisqu’il est né d’une Vierge.

XXI. Soutiendra-t-on qu’il convenait à la nouveauté de cette naissance, que le Verbe de Dieu ne fût point fait chair avec la chair d’une Vierge, de même qu’il n’était point né de la semence de l’homme ? Mais alors pourquoi toute la nouveauté de cette naissance ne se bornerait-elle point à ce qu’une chair sortît de la chair, sans être formée par le concours de l’homme ? Mais je veux combattre de plus près encore. « Voilà, est-il dit, qu’une Vierge concevra dans son sein. » Que concevra-t-elle ? Le Verbe de Dieu, et non pas la semence de l’homme : elle concevra pour enfanter un fils ; car il est dit : « Elle enfantera, un fils. » Par conséquent, de même que son acte c’est d’avoir conçu, ce qu’elle a enfanté est aussi à elle, quoique ce qu’elle a conçu n’ait pas été à elle. Au contraire, si le Verbe s’est incarné de lui-même, voilà qu’il s’est conçu et enfanté de lui-même ; alors la prophétie n’a plus de sens. En effet, une vierge n’a ni conçu ni enfanté, si ce qu’elle a enfanté après avoir conçu le Verbe n’est pas sa propre chair. Quoi donc ! Cette prédiction du prophète sera-t-elle convaincue de faux ? Un ange nous aura-t-il trompés quand il annonçait à, la Vierge qu’elle concevrait et enfanterait ? Toute, l’Ecriture nous abuse-t-elle partout où elle, la nomme la mère, du Christ ? Comment en effet sera-t-elle sa mère, sinon parce qu’il a été dans son sein ? On veut que, du sein dans lequel il a été enfermé, il n’ait rien reçu qui justifie le litre de mère. Mais ce nom n’est point la dette d’une chair étrangère. Il n’y a qu’une chair, fille du sein maternel, qui dise : Le sein de ma mère. Or, elle n’est pas fille du sein maternel, si elle ne doit la naissance qu’à elle-même. Qu’Elisabeth se taise donc, Elisabeth, portant dans ses entrailles un enfant-prophète qui reconnaît déjà son Seigneur ; Elisabeth, remplie de l’Esprit saint. Où sont