Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/478

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dérobe pour nous les rendre ; elle les détruit pour nous les garder ; elle les corrompt pour les renouveler ; elle commence par les absorber pour les centupler ! En effet, si elle nous les rend plus riches et plus abondants que lorsqu’elle les a détruits, il est vrai de dire que chez elle la destruction est un intérêt, l’outrage une usure, et la perte un gain. Disons-le en un mot : toute créature passe de la mort à la vie. « Tout ce qui est sous tes yeux a existé. Rien de ce que tu perds, qui ne revienne un jour. » Tout revient à son premier état, après avoir disparu ; tout recommence après avoir cessé ; tout ne finit que pour renaître. Rien ne périt que pour être conservé : qu’est-ce donc que cette perpétuelle évolution de la nature ? Un témoignage de la résurrection des morts. Dieu l’a déposée dans ses œuvres avant de la consigner dans ses Ecritures ; il l’a proclamée par sa puissance avant de l’enseigner par sa parole. Il a ouvert devant toi le livre de la nature, pour te conduire à la prophétie, afin que le disciple de la nature crût plus facilement à la prophétie ; que déjà convaincu par les yeux, il admît aussitôt ce qu’entendaient ses oreilles ; et qu’il ne doutât plus que Dieu doive ressusciter la chair, quand il le voit rétablir tous les êtres. Conséquemment, si tous les êtres ressuscitent pour l’homme, or ils ne ressuscitent pas pour l’homme sans que ce soit également pour la chair ; comment imaginer qu’elle périsse elle-même tout entière, elle pour qui et dans qui rien ne se perd ?

XIII. Si le renouvellement de l’univers figure imparfaitement la résurrection ; si la création ne prouve rien de semblable, parce que chacune de ses productions finit plutôt qu’elle ne meurt, est rendue à sa forme plutôt qu’à la vie, eh bien ! voici un témoignage de notre espérance complet et irrécusable. Il s’agit en effet d’un être animé, sujet à la vie et à la mort. Je veux parler de cet oiseau particulier à l’Orient, célèbre parce qu’il est sans pareil, phénoménal parce qu’il est à lui-même sa postérité ; qui, préparant volontiers ses propres funérailles, se renouvelle dans sa mort,