Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/479

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héritier et successeur de lui-même, nouveau phénix où il n’y en a plus, toujours lui quoiqu’il ait cessé d’être, toujours semblable, quoique différent. Quel témoignage plus explicite et plus formel pour notre cause ? ou quel autre sens pourrait avoir cet enseignement ? Dieu l’a déclaré lui-même dans ses Ecritures : « Il se renouvellera, dit-il, comme le phénix ; » qu’est-ce à dire ? Il se relèvera de la mort et du tombeau, afin que tu croies que la substance du corps peut être rappelée, même des flammes. Le Seigneur a déclaré que nous « valons mieux que beaucoup de passereaux. » Si nous ne valons pas mieux que le phénix aussi, l’avantage est médiocre.

XIV. L’homme mourra-t-il pour toujours, quand l’oiseau de l’Arabie est sûr de ressusciter ? Puisque Dieu a gravé les traits de sa puissance divine dans des paraboles ainsi que dans ses oracles, arrivons maintenant à ses déclarations et à ses décrets eux-mêmes, car telle est la division que nous adoptons dans cette matière. Commençant par la dignité de la chair, nous avons cherché si, une fois détruite, elle était de nature à recouvrer le salut ; nous nous sommes demandé ensuite si la puissance de Dieu était capable de communiquer le salut à une chose détruite ; maintenant, si nous avons prouvé ce double point, examine avec moi, je te prie, s’il existe quelque cause légitime qui réclame la résurrection de la chair comme une chose nécessaire et en tout point conforme à la raison. On peut m’objecter en effet que la chair a beau être susceptible de rétablissement, et la Divinité assez puissante pour la rétablir, il faut avant tout néanmoins une cause à ce rétablissement. Apprends donc quelle est cette cause, toi qui t’instruis à l’école d’un Dieu aussi souverainement bon que juste ; souverainement bon par sa nature, juste seulement par la nôtre. En effet, si l’homme n’avait pas péché, il n’eût connu de Dieu que sa bonté infinie, qui est le fonds de son être ; mais maintenant il éprouve sa justice, par la nécessité d’une cause. Toutefois la bonté souveraine