Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/480

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de Dieu éclate encore dans sa justice. En déployant sa justice pour récompenser le bien et châtier le mal, ses sentences profitent toujours au bien, soit qu’il punisse, soit qu’il récompense. La miséricorde est-elle l’unique attribut de Dieu ? Marcion te l’apprendra plus complètement. En attendant, tel est notre Dieu, juge parce qu’il est Seigneur, Seigneur parce qu’il est Créateur, Créateur parce qu’il est Dieu. De là vient que je ne sais quel hérétique a dit : « Il n’est pas juge, puisqu’il n’est pas Dieu ; il n’est pas Seigneur, puisqu’il n’est pas Créateur. » Je ne sais pas si on peut être Dieu sans être Créateur, qualité qui convient à Dieu, ni Seigneur, qualité qui convient au Créateur. Si donc il est très-convenable à Dieu, à titre de Seigneur et de Créateur, de citer l’homme au tribunal de sa justice, pour savoir s’il a pris soin ou non de reconnaître et d’honorer son Seigneur et son Créateur, c’est la résurrection qui achèvera ce jugement. La cause tout entière, ou plutôt la nécessité de la résurrection repose sur le jugement dont la disposition n’a rien que de très-convenable à Dieu. Il s’agit d’examiner si, d’après l’ordre établi, la vindicte divine doit présider au jugement des deux substances de l’homme, de l’âme aussi bien que de la chair. Car la substance qui sera jugée devra aussi ressusciter. Nous disons donc premièrement qu’il faut croire à un jugement de Dieu, plein et absolu, en tant qu’il sera le dernier, et irrévocable par conséquent ; en tant qu’il sera juste, ne pouvant traiter inégalement une des deux substances ; en tant qu’il sera digne de Dieu, c’est-à-dire complet et définitif à cause de sa longanimité. Il suit de là que la plénitude et la perfection du jugement ne peuvent se réaliser à moins que l’homme ne se représente tout entier. Or, l’homme tout entier se composant de l’union des deux substances, il faut que l’homme comparaisse dans l’une et dans l’autre pour être jugé tout entier, puisqu’il n’a pu vivre que tout entier. Tel il a vécu, tel il doit être jugé, parce qu’il doit être jugé sur la manière dont il a vécu. La