Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/521

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sang de l’homme devra être recherché. » Il la prêchait donc telle que les Pharisiens l’avaient admise, telle que le Seigneur lui-même l’avait maintenue, telle enfin que la niaient absolument les Sadducéens, pour ne pas la croire ainsi qu’elle était crue.

Les Athéniens eux-mêmes ne l’avaient pas comprise autrement dans la bouche de Paul. Enfin, ils l’avaient accueillie par des rires. S’en seraient-ils moqués, s’il ne leur avait prêché que le rétablissement de l’âme ? Ils l’eussent admis comme une des opinions les plus ordinaires d’une philosophie née chez eux. Mais aussitôt que la promulgation d’une résurrection, qui leur était inconnue, eut révolté les nations par sa nouveauté elle-même, et qu’une incrédulité à laquelle il fallait s’attendre dans une si grande merveille, eut attaqué la foi par de nombreuses discussions, alors l’Apôtre prit soin dans chacune de ses Ecritures de fortifier la foi à cette espérance, en prouvant qu’elle était véritable, qu’elle n’était pas encore accomplie, qu’elle était corporelle, point sur lequel roulait la question, et qu’enfin, chose qui restait encore douteuse, elle ne pouvait cire que corporelle.

XL. Je ne m’étonne pas qu’on emprunte aux épîtres de l’Apôtre lui-même des arguments, puisqu’il « faut qu’il y ait des hérésies, » et qu’il ne pourrait yen avoir, si les Ecritures ne pouvaient être faussement interprétées. Les hérésies, trouvant dans l’Apôtre deux hommes, l’un intérieur, c’est-à-dire l’âme, l’autre extérieur, c’est-à-dire la chair, attribuèrent le salut à l’âme, qui est cet homme intérieur, et la destruction à la chair, qui est cet homme extérieur, parce qu’il a été écrit aux Corinthiens : « Quoique dans nous l’homme extérieur se détruise, » l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » Or, ce n’est pas l’âme qui par elle-même est l’homme, puisqu’elle a été communiquée après coup à cet argile qui portait déjà le nom d’homme. La chair sans l’âme n’est pas davantage l’homme, puisqu’après le départ de l’âme il ne