Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/531

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dans la justice et le respect pour la vérité. » Ils veulent donc que Paul, en distinguant ici les deux substances, attribue la vieillesse à la chair, la nouveauté à l’âme, en assignant au vieil homme, c’est-à-dire à la chair, une dissolution sans fin. Or si, eu vertu des substances, l’ame ne peut être le nouvel homme, comme venue la seconde, ni la chair le vieil homme, comme vernie la première, car quel temps a pu s’écouler entre la main et le souffle de Dieu ? j’oserais dire que, quoique la chair ait précédé de beaucoup l’âme, par le lait même qu’elle a attendu que l’âme vînt la remplir, elle lui a donné la primauté. En effet, toute consommation, toute perfection a beau venir la dernière dans l’ordre des temps, elle tient le premier rang quant à l’effet. Il faut estimer la première une chose sans laquelle ne peuvent être celles qui ont précédé. Si la chair est le vieil homme, quand l’est-elle devenue ? Depuis l’origine ? Mais Adam fut tout entier homme nouveau : par conséquent rien de ce nouvel homme n’a pu être le vieil homme. D’ailleurs, depuis la bénédiction de la génération, la chair et l’âme sont engendrées ensemble sans distinction de temps. Comme elles sont semées ensemble dans le sein de la femme, ainsi que nous l’avons enseigné dans le Traité de l’Ame, contemporaines de la conception, elles naissent au même moment que ces deux hommes, différents sans doute de substance, mais non différents d’âge, et formant si bien un seul homme, qu’entre eux point de premier. Abrégeons. Nous sommes tout vieil homme, ou tout homme nouveau. Par quel côté pourrions-nous être autre chose ? Nous l’ignorons.

Mais l’Apôtre désigne manifestement quel est ce vieil homme. « Dépouillez, dit-il, le vieil homme, selon lequel vous avez vécu autrefois. » Mais il ne veut pas parler de quelque substance vieillie. En effet, il ne nous ordonne pas de dépouiller la chair, mais les choses qu’il a signalées ailleurs comme charnelles ; accusant non pas les corps, mais les œuvres ainsi qu’il suit. « Renonçant au mensonge, que