Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/539

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voulait donc qu’on y crût à l’exemple de la résurrection de notre Seigneur. ---- Il n’en faut point douter. ---- Dis-moi, l’exemple s’emprunte-t-il aux choses qui se ressemblent ou qui diffèrent ? ---- Aux choses qui se ressemblent. ---- Comment donc Jésus-Christ est-il ressuscité ? Dans sa chair ou non ? Infailliblement, si tu entends avec les Ecritures qu’il est mort et a été enseveli, mais mort et enseveli dans sa chair, tu accordes aussi qu’il est ressuscité pareillement dans sa chair. La substance qui est tombée par la mort, qui a été gisante dans le sépulcre, c’est celle-là qui est ressuscitée, non pas tant Jésus-Christ dans la chair que la chair dans Jésus-Christ. Si donc nous devons ressusciter à l’exemple de Jésus-Christ qui est ressuscité dans la chair, il est vrai aussi que nous ne ressusciterons pas à l’exemple de Jésus-Christ, si nous ne ressuscitons pas également dans la chair. Car « c’est par un homme que la mort est venue, dit-il, c’est aussi par un homme que vient la résurrection ; » il voulait distinguer les auteurs, Adam de la mort, le Christ de la résurrection ; mais en les opposant l’un à l’autre et en leur donnant le nom d’homme, il assigne la résurrection à la même substance que la mort. « En effet, si de même que tous meurent dans Adam, de même tous doivent être vivifiés dans le Christ, » c’est par la chair qu’ils seront vivifiés dans le Christ, comme ils meurent par la chair dans Adam.

« Mais chacun à son rang. » Oui, parce qu’il sera vivifié dans son corps. Le rang n’est autre chose que la proportion des mérites. Puisque des mérites sont assignés au corps, il faut qu’il y ail un rang pour les corps, afin qu’il y en ait un pour les mérites. « Mais si quelques-uns se font baptiser pour les morts. » Nous verrons si celle coutume est raisonnable. Toutefois l’Apôtre déclare qu’elle a son origine dans celle présomption qu’un baptême, reçu pour d’autres, servirait à une chair même étrangère, pour l’espérance de la résurrection : si celle-ci n’était point corporelle,