Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/559

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afflictions de l’ame et de la chair qui les causent ? Où sont les infortunes auprès de Dieu ? Où sont les violences et les insultes dans le sein de Jésus-Christ ? Où sont les assauts du démon en face du Saint-Esprit, lorsque Satan et ses anges sont déjà plongés dans les flammes ? Enfin, où sera la nécessité, ou ce qu’on appelle fortune, destin ? A des ressuscites quelle blessure restera-t-il après le pardon ? A des réconciliés, quelle colère encore à craindre après la grâce ? quelle infirmité après la force ? quelle faiblesse après le salut ? « Les vêtements et les chaussures des enfants d’Israël se conservant pendant quarante ans sans s’user ; la justice divine qui dispose de la force et de la convenance, arrêtant les progrès si rapides de leurs ongles et de leurs cheveux, » de peur que cet accroissement ne fût attribué à la corruption ; les flammes de Babylone ne touchant ni aux tiares, ni aux robes flottantes des trois frères, quoique ce fussent des ornements étrangers aux Juifs ; Jonas englouti par le monstre de la mer dans les flancs duquel se consumaient les débris des naufrages, et rejeté sain et sauf trois jours après ; Énoch et Élie n’étant pas encore ressuscités, parce qu’ils n’ont pas encore subi la mort, mais en tant que transportés hors de ce monde et déjà candidats de l’éternité, apprenant que la chair est affranchie de toute difformité, de toute perte, de tout accident et de toute insulte, à quelle foi rendent témoignage tous ces événements, sinon à celle qui nous oblige à croire que ce sont là des exemples de notre future intégrité ? « Ces choses, dit l’Apôtre, ont été écrites comme des figures de ce qui nous regarde, » afin que nous soyons assurés que Dieu est plus puissant que toutes les lois de la nature, et qu’à plus forte raison conservera-t-il la chair, quand il lui conserve ses chaussures et ses vêtements.

LIX. ----Mais le siècle à venir, dis-tu, dépend d’un ordre différent et éternel : par conséquent, la substance qui appartient au siècle présent ne peut posséder un état d’une nature si opposée. ---- Tu