Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/560

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as raison, si l’homme a été formé pour cet ordre futur et non cet ordre pour l’homme. Mais quand l’Apôtre écrit : « Tout est à vous, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses futures, » il constitue l’homme héritier des biens futurs. Isaïc ne te vient pas en aide dans ces mots : « Toute chair est comme l’herbe des champs, » parce qu’il dit ailleurs : « Toute chair verra le salut de Dieu. » Il a distingué non les substances, mais le sort qui les attend. Qui en effet ne reconnaît pas le jugement de Dieu dans une double sentence, l’une de salut, l’autre de châtiment ? « La chair qui est comme l’herbe des champs, » c’est celle qui est destinée aux flammes ; « la chair qui verra le salut de Dieu, » c’est celle qui est ordonnée pour le salut. Pour moi, je sais que si autrefois je suis tombé dans l’adultère, ce n’est pas dans une chair différente ; et que si je m’efforce aujourd’hui d’atteindre à la pureté, ce n’est pas non plus dans une chair différente. Si quelqu’un possède une double chair, qu’il se défasse de l’herbe de celle chair impure, pour ne se réserver que celle qui verra le salut de Dieu. Mais puisque le prophète nous dit au sujet des nations, ici qu’elles sont regardées comme de la poussière et de la salive, là qu’elles espéreront et croiront au nom ainsi qu’à la puissance de Dieu, pouvons-nous nous méprendre sur les nations ? Est-ce en vertu de la diversité des substances que les unes doivent croire, et que les autres sont regardées comme de la poussière ? Non, non ; c’est dans celle région qu’embrasse l’océan et qu’enveloppe le ciel suspendu sur nos tètes, que le Christ, lumière véritable, a brillé aux yeux des nations.[1] C’est sur cette terre[2] que les Valentiniens

  1. Les Valentiniens, et quelques hérétiques avec eux, prétendaient qu’il y avait d’autres mondes au.delà de l’océan. Ils croyaient de plus que Jésus, Christ s’était incarné au ciel, et que les âmes et la chair différaient chez les hommes, selon les races et les contrées.
  2. Hic peut signifier aussi sur ce point, sur cette opinion. Nous avons préféré l’autre sens, justifié par Vomniloquium.