Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/92

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que Dieu n’a pas investis d’un semblable pouvoir ? Par conséquent, il n’aurait pas imposé le fardeau de la loi à qui était trop faible pour le porter. Contre celui qui pouvait alléguer l’excuse de son impuissance, il n’aurait pas promulgué un décret de mort ; enfin, au Heu de mettre en possession de la liberté et de l’indépendance un être fragile, il lui eût plutôt refusé cette faveur. D’ailleurs rien n’est changé aujourd’hui. Ce même homme, cette même substance intelligente, ce même Adam avec ses conditions primitives, ne le voyons-nous pas, en vertu de son même libre arbitre et de sa même indépendance, triompher encore tous les jours des assauts du même démon, lorsqu’il se conduit d’après la soumission aux préceptes de Dieu ?

IX. « Le souffle de Dieu, c’est-à-dire l’âme, a failli dans l’homme. La substance du Créateur est donc capable de pécher de façon ou d’autre. La corruption de la partie ne peut manquer de rejaillir sur le tout. »

— Pour répondre à cette difficulté, examinons les qualités de l’ame. D’abord il faut nous arrêter au texte grec, qui appelle l’ame un souffle et non un esprit. Quelques interprètes, sans réfléchir à la différence de ces deux termes, ni à la propriété des expressions, au lieu de souffle, écrivent esprit, et par là fournissent aux hérétiques une occasion de blasphémer l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même, par une odieuse imputation de péché. Nous avons traité ailleurs cette question. Sache donc que le souffle est moindre que l’esprit. Il a beau être une émanation de celui-ci, une exhalaison légère pour ainsi dire, toutefois il n’est pas esprit. Ainsi la brise est plus déliée que le vent. Quoiqu’elle provienne du vent, elle n’est pas le vent. Je pourrais encore appeler le souffle l’image de l’esprit. Car c’est par là que l’homme est la ressemblance de Dieu, c’est-à-dire de l’esprit, selon le témoignage de l’Evangéliste. L’image de l’esprit, c’est donc le souffle. Or, la représentation n’est jamais identique avec la vérité, Autre chose est d’être selon la