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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/109

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dans le corps par un outrage particulier à chacun d’eux, nécessairement jusqu’à la ruine et le déchirement absolus de la vitalité, c’est-à-dire des fins, des enceintes, et des offices naturels, l’âme contrainte de se retirer elle-même a mesure que ses instruments, ses domiciles et ses espaces tombent en ruines, semble s’amoindrir aussi, à peu près comme le conducteur d’un char paraît défaillir quand la fatigue de ses chevaux trahit ses forces, privé de son secours, mais non atteint dans sa personne. De même, l’esprit animal, qui est le cocher du corps, tombe en défaillance, non pas en lui-même, mais dans son véhicule qui s’en va en lambeaux, abandonnant son œuvre, mais non sa vigueur, s’allanguissant dans son opération, mais non dans son essence, ruinant sa constance, mais non sa substance, parce qu’il cesse de paraître, mais non parce qu’il cesse d’être. Ainsi toute mort rapide, semblable à une faulx qui moissonne des têtes, et ouvrant d’un seul coup à l’âme une large porte ; ou bien une force soudaine qui brise à la fois tous les organes de la vie, telle que l’apoplexie, cette ruine intérieure, n’apportent à l’âme aucun délai, et ne prolongent pas le supplice de son départ. Mais là où la mort est lente, l’âme abandonne selon qu’elle est abandonnée. Toutefois elle n’est pas fractionnée par ce genre de mort, elle est arrachée, et, ainsi arrachée, elle laisse croire que sa fin est une portion d’elle-même. Or, toute portion n’est pas coupée sur-le-champ, parce qu’elle est la dernière, et de ce qu’elle est exiguë, il ne s’ensuit pas qu’elle périsse aussitôt. Chaque fin correspond à sa série, chaque portion se rapporte au principe, et les restes qui sont en cohésion avec l’universalité, l’âme les attend au lieu de les abandonner : de sorte que, j’ose le dire, la dernière parcelle de la totalité est la totalité, parce que, pour être la plus petite et la dernière, elle n’appartient pas moins à l’âme. De là vient enfin que souvent l’âme, au moment même de son divorce, est plus puissamment agitée, que son intuition est plus lumineuse, sa