Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/127

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pas chrétienne ? Ne t’échappent-elles pas le plus souvent sous les bandelettes de Cérès, sous le manteau de pourpre de Saturne, sous les longs voiles d’Isis ? Enfin, jusque dans les temples de tes dieux, devant la statue d’Esculape, pendant que tu dores la Junon d’airain, ou que tu affubles de son casque Minerve aux formes terribles, au lieu d’invoquer quelqu’un des dieux qui t’environnent, c’est le juge éternel que tu implores. Dans le sanctuaire de tes lois, tu appelles un autre juge ; dans tes temples, tu trembles devant un autre Dieu. Ô témoignage de la vérité, qui, jusque chez les démons, suscite un témoin en faveur des Chrétiens !

III. Que nous disions : Il y a des démons, comme si nous ne prouvions pas leur existence, nous qui seuls les chassons des corps, aussitôt les flatteurs de Chrysippe de pousser des éclats de rire. Tes imprécations attestent qu’ils existent et qu’ils sont abhorrés. Tu appelles démon tout homme souillé d’impureté, d’insolence, de cruauté, d’infamies, que nous attribuons aux démons, parce que tout autre nom répond mal à l’intensité de ta haine. Tu n’as point assez d’exécration, d’horreur, de dédain pour Satan. Nous aussi, nous le reconnaissons pour l’ange du mal, pour l’artisan de l’erreur, pour le corrupteur du monde, l’ennemi par lequel l’homme s’étant laissé circonvenir dans l’origine, transgressa le précepte de Dieu, fut livré à la mort par suite de cette révolte, et légua à une postérité qu’il corrompit dans son germe, l’héritage de sa condamnation. Tu as donc le sentiment du traître qui t’a perdue. Et bien que les Chrétiens seuls le connaissent, ou ceux qui sont avec le Seigneur, dès lors que tu le hais, n’est-ce pas le connaître ?

IV. Maintenant, abordant un principe d’une plus haute conséquence et qui intéresse tes destinées, nous affirmons que tu subsistes après ta séparation d’avec le corps, et que tu attends le jour du jugement, destinée, d’après tes mérites, à un supplice ou à un rafraîchissement, l’un et l’autre