Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/13

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ainsi que nous l’avons dit en commençant. Nous soutenons que l’âme a été formée du souffle de Dieu et non de la matière, ayant pour nous dans cette circonstance la règle inviolable de la parole divine : « Il répandit sur son visage un souffle de vie, et l’homme eut une âme vivante. » Par le souffle de Dieu conséquemment. Après cette déclaration, il n’y a plus rien à examiner. Cette vérité a son titre et son hérétique. Je commence par les autres questions.

IV. Après avoir déterminé l’origine, il reste à fixer la nature. Car la raison veut que nous assignions un commencement à l’âme, puisque nous la proclamons née du souffle de Dieu. Platon nie qu’elle ait commencé, en la déclarant innée et incréée ; nous, au contraire, nous enseignons qu’elle est née et qu’elle a été faite, du moment qu’elle a commencé. Nous ne nous sommes pas trompés en disant née et faite, parce que, autre chose serait de naître, autre chose d’être fait, puisque le premier de ces termes convient aux êtres qui vivent. Mais les distinctions ayant leurs lieux et leurs temps, ont aussi quelquefois la faculté de se prendre réciproquement l’une pour l’autre. D’une chose qui a été faite, on peut donc dire qu’elle a été engendrée, au lieu de dire qu’elle est, puisque tout ce qui reçoit l’être, n’importe à quel titre, est engendré. Car celui qui fait peut être appelé le père de ce qui est fait. Platon en use ainsi. Conséquemment, dans le langage de notre foi, que l’âme ait été faite, ou qu’elle soit née, le sentiment du philosophe est renversé par l’autorité même de la prophétie.

V. Qu’il appelle un Eubulus, un Critolaûs, un Xénocrate, et Aristote qui tend ici la main à Platon. Peut-être qu’ils ne s’armeront que mieux contre nous, pour nier la corporéité de l’âme, s’ils n’aperçoivent dans les rangs opposés d’autres philosophes, et en grand nombre, qui donnent un corps à l’âme. Je ne parle pas seulement de ceux qui la font sortir de corps visibles, tels que Hipparque et