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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/198

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châtier la foi : c’est en bravant ces tortures que les prophètes et les apôtres ont vaincu.

XIV. C’est par l’énergie de la patience qu’Isaïe ne cesse de louer le Seigneur sous les dents de la scie ; par elle qu’Etienne est lapidé et demande grâce pour ses ennemis. Heureux aussi l’athlète qui déploya toutes les ressources de la patience contre tous les assauts du démon ! Que ses troupeaux lui soient enlevés et avec eux ses richesses ; que ses fils expirent écrasés sous les ruines d’un édifice ; qu’un ulcère dévore lentement ses membres ; rien ne peut abattre sa patience ni la foi qu’il doit au Seigneur : toutes les violences du démon viennent se briser contre lui. En effet, tant de douleurs ne distraient pas un moment sa pensée du Seigneur : il demeure inébranlable, témoignage et modèle de patience, dans son esprit comme dans sa chair, dans son ame comme dans son corps, pour nous apprendre à ne pas nous laisser accabler par les disgraces du siècle, par les pertes de nos proches les plus chers, ni par les afflictions du corps. Quelles magnifiques dépouilles triomphales Dieu remportait sur le démon dans la personne de cet homme illustre ! Quel glorieux étendard il arbora contre l’ennemi de sa gloire, lorsque Job, à la nouvelle des catastrophes qui lui arrivaient coup sur coup, répondait par ce seul mot : « Dieu soit béni ! » lorsqu’il reprenait sévèrement sa femme qui, vaincue par tant de maux, lui suggérait de mauvais conseils ! Quel spectacle ! Dieu éclate d’allégresse. Quel spectacle ! L’esprit mauvais sèche de rage à l’aspect de Job râclant avec une résignation héroïque, l’immonde venin qui coule de sa plaie, et rendant comme en se jouant, à ses plaies et à leur pâture, les vers qui tombent de sa chair criblée de trous. Voilà pourquoi cet artisan de la victoire de Dieu, après avoir émoussé avec la cuirasse et le bouclier de la patience tous les traits de la tentation, recouvra bientôt par la faveur de Dieu la santé du corps, et posséda le double des biens qu’il avait perdus. S’il avait même désiré que ses enfants lui fussent rendus, il