Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/216

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mais davantage, jamais, parce que la précédente a été vaine. Peux-tu dire, en effet, qu’une fois ne suffise pas ? Tu recueilles ce que tu méritais, puisque tu as perdu ce que tu avais reçu. Si l’indulgence de Dieu te rend ce que tu avais perdu, sois au moins reconnaissant d’un bienfait répété, ou, pour mieux dire, d’un bienfait plus grand, car rendre c’est plus que donner ; parce qu’il est plus malheureux pour l’homme d’avoir perdu que de n’avoir jamais rien obtenu. Toutefois, ne va point te laisser abattre par le désespoir, parce que tu te trouves le débiteur de la seconde pénitence. Rougis d’avoir péché une seconde fois, mais ne rougis pas de te repentir ; rougis d’avoir succombé une seconde fois, mais non de te relever de nouveau. Point de fausse honte : à de nouvelles blessures il faut de nouveaux remèdes. Le moyen de témoigner ta reconnaissance au Seigneur, c’est de ne pas rejeter le don qu’il t’offre. Tu l’as offensé, oui, sans doute ; mais tu peux te réconcilier avec lui. Tu sais à qui il faut satisfaire, et qui est prêt à recevoir ta satisfaction.

VIII. Si tu en doutes, parcours ce que l’Esprit saint mande aux Églises. Il reproche à celle d’Ephèse « d’avoir abandonné la charité ; » à celle de Thyatire, « ses dissolutions et son penchant à l’idolâtrie ; » à celle de Sardes, « de n’avoir que des œuvres imparfaites ; » à celle de Pergame, « . de corrompre la doctrine ; » à celle de Laodicée, « d’avoir trop de confiance dans ses richesses. » Et cependant il les exhorte toutes à la pénitence, et même avec menaces. Or, il ne menacerait pas l’impénitent, si, d’autre part, il ne pardonnait au pénitent. On pourrait le révoquer en doute si lui-même n’avait marqué ailleurs la sainte profusion de sa miséricorde. Ne dit-il pas ? « Celui qui est tombé ressuscitera ; celui qui se détourne de moi reviendra à moi. » C’est lui, oui, c’est lui qui préfère la « miséricorde au sacrifice. — Le ciel et les anges qui l’habitent se réjouissent du repentir du pécheur. » Prends courage, ame pénitente, tu vois en quel lieu l’on se réjouit de