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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/218

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un mot grec, c’est l’exomologèse, en vertu de laquelle nous confessons au Seigneur notre péché, non pas qu’il l’ignore, mais parce que la confession dispose à la satisfaction, que la pénitence naît de la confession, et que la pénitence apaise la colère de Dieu. L’exomologèse est donc un exercice qui a pour but d’humilier l’homme et de l’anéantir, en lui imposant une conduite qui attire la miséricorde, en réglant son extérieur et sa table, en le courbant sous le sac et la cendre, en lui apprenant à couvrir son corps de poussière et à plonger son ame dans la douleur, et convertissant en moyens de pénitence tout ce qui fut l’instrument du péché. D’ailleurs elle ne connaît du boire et du manger que ce qu’il faut pour soutenir la vie et non pour flatter le ventre ; elle nourrit la prière par le jeûne ; elle gémit, elle pleure, elle crie et le jour et la nuit au Seigneur son Dieu ; elle se roule aux pieds des prêtres, elle s’agenouille devant ceux qui sont chers à Dieu ; elle sollicite les prières de tous les frères, afin qu’ils soient ses mandataires auprès de Dieu. Voilà ce que fait l’exomologèse pour donner plus de prix à la pénitence, pour honorer le Seigneur par la crainte du péril, pour que, prononçant elle-même contre le pécheur, elle se substitue à l’indignation divine, enfin pour éviter, que dis-je ? pour acquitter la dette des supplices éternels par les afflictions qu’elle s’impose dans le temps. Ainsi, en abattant l’homme, elle le relève ; en le souillant de poussière, elle le purifie ; en l’accusant, elle le justifie ; en le condamnant, elle l’absout. Crois-moi, moins tu te pardonneras à toi-même, plus Dieu te pardonnera.

X. La plupart, cependant, reculent devant la pénitence, comme devant une déclaration qui les affiche eu public, ou bien la remettent de jour en jour, plus dociles, si je ne me trompe, à la voix de la honte qu’à celle du salut, à peu près comme ces malades qui, rougissant de découvrir à l’œil du médecin leurs plaies secrètes, meurent dans leur fausse honte. Quoi ! il sera intolérable à la honte de