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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/225

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crime de l’idolâtrie qu’à l’acte de brûler de l’encens, d’immoler des victimes, d’offrir quelques oblations, ou aux fonctions de sacrificateur et de prêtre. C’est à peu près s’imaginer que l’adultère ne réside que dans les baisers, les embrassements et l’acte de la chair ; l’homicide, dans l’effusion du sang et la mort de la victime. Mais que Dieu donne à ces mots une plus grande extension, nous en sommes sûrs, lorsque plaçant la prévarication dans la concupiscence, il déclare adultère tout regard de convoitise, tout mouvement impudique au fond de l’âme ; et homicide, toute malédiction, toute injure, tout mouvement de colère, il y a plus, tout manque de charité envers son frère. Aussi Jean nous dit-il : « Celui qui hait son frère est homicide. » Autrement, et la malice profonde du démon, et les préceptes par lesquels le Seigneur notre Dieu nous prémunit contre ses piéges sans nombre, se réduiraient à bien peu de chose si nous devions être jugés uniquement sur les crimes contre lesquels les nations elles-mêmes ont porté des peines. Comment « notre justice sera-t-elle plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, » ainsi que le Seigneur l’a recommandé, si nous ne reconnaissons jusqu’où s’étend la malignité de l’injustice qui lui est opposée ? Puisque l’idolâtrie est la source de l’injustice, il faut commencer par nous garantir contre l’étendue de l’idolâtrie, en reconnaissant qu’elle n’existe pas seulement dans les actes extérieurs.

III. Autrefois il n’y avait point d’idoles. Avant que les artisans de cette nouveauté monstrueuse pullulassent dans le monde, les temples étaient vides et leurs murailles nues, comme l’attestent encore dans certains lieux les vestiges de l’antiquité. Toutefois l’idolâtrie existait déjà, si ce n’est dans son nom, au moins dans ses œuvres. Car, même de nos jours, on peut s’en rendre coupable en dehors du temple, et sans avoir d’idole. Mais aussitôt que le démon eut introduit dans le monde des fabricateurs de statues, d’images et de simulacres de toute nature, cette œuvre grossière,