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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/226

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d’où jaillirent les calamités humaines, prit un corps et un nom qu’elle emprunta aux idoles. Dès ce moment, tout art qui produit une idole, d’une forme ou d’une autre, devint une source d’idolâtrie. Il n’importe pas qu’une image sorte des mains d’un sculpteur, d’un ciseleur ou d’un brodeur phrygien, parce qu’il est indifférent qu’elle soit exécutée en plâtre, en couleurs, en pierre, en airain, en argent, en tapisserie. Puisque l’idolâtrie existe même sans idole, certes, une fois que l’idole est présente, peu importe de quelle espèce elle est, de quelle matière, de quelle forme. Qu’on ne s’imagine donc pas qu’il faut seulement appeler idole une statue consacrée sous la représentation humaine. L’étymologie du mot est ici nécessaire. Ei1doj, en grec, équivaut à forme ou image ; ei/dolon en est venu comme diminutif, de même que de forme nous avons fait formule. C’est pourquoi toute forme, grande ou petite, doit être appelée une idole. Il suit de là que tout travail, tout service concernant une idole, quelle qu’elle soit, est une idolâtrie. Donc aussi le fabricant d’images idolâtriques est coupable du même crime, à moins que les Juifs n’aient été idolâtres qu’à demi lorsqu’ils consacrèrent, l’image d’un veau et non celle d’un homme.

IV. Dieu défend aussi bien de faire une idole que de l’adorer. C’est précisément parce qu’il est nécessaire qu’une image soit faite pour qu’elle puisse être adorée, qu’il est défendu de la faire, s’il n’est pas permis de l’adorer. De là vient que, pour déraciner l’idolâtrie, la loi divine proclame : « Tu ne feras point d’idole, » ni, ajoute-t-elle, « aucune ressemblance de ce qui est au ciel, sur la terre et dans la mer. » Elle a interdit aux serviteurs de Dieu ces arts sur toute la face de l’univers. Déjà était venu Enoch, prédisant que les démons convertiraient en idolâtrie tous les éléments, toutes les substances du monde, tout ce qui est contenu au ciel, dans la mer, sur la terre, afin que les anges apostats fussent consacrés en autant de divinités à la face du Seigneur. Voilà donc que pour l’humanité