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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/228

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sur les Ecritures, en citant les paroles de l’Apôtre : « Que chacun demeure dans la condition où il s’est rencontré, » il résulterait d’une telle interprétation que nous pouvons tous persévérer dans le péché ; car il n’est personne de nous qui n’ait été trouvé dans le péché, puisque le Christ n’est descendu que pour nous délivrer du péché. Il nous ordonne, ajoute-t-on, « de travailler, à son exemple, chacun de nos mains pour nous aider à vivre. » Si toute espèce de travail est commandée par ce précepte, les voleurs, que je sache, et les joueurs vivent aussi du travail de leurs mains ; les brigands travaillent aussi de leurs mains pour vivre. J’en dis autant des faussaires, car ce n’est pas avec leurs pieds, mais avec leurs mains qu’ils fabriquent des titres mensongers. Quant aux histrions, ils ne travaillent pas des mains seulement pour vivre, ils y emploient chacun de leurs membres. Ouvrez donc indifféremment l’Église à tous ceux qui soutiennent leur vie par le travail de leurs mains, s’il ne faut faire aucune distinction des industries que n’admet pas la loi de Dieu.

Mais à notre proposition que toute image est défendue, on me dit : Pourquoi Moïse a-t-il dressé dans le désert un serpent d’airain ? Les images qui ont été faites pour quelque disposition symbolique et particulière, loin de déroger à la loi, n’étaient que la représentation des réalités qu’elles, annonçaient. D’ailleurs, en tirer un argument contre la loi, n’est-ce pas attribuer au Tout-Puissant l’inconstance, ainsi que le font les Marcionites, qui anéantissent Dieu en niant son immutabilité, puisque, selon eux, il défend ici la chose qu’il ordonne ailleurs ? Soit que l’on oublie à dessein que l’image de ce serpent d’airain suspendu entre le ciel et la terre, était un symbole de la croix de notre Seigneur, qui devait nous délivrer des serpents, c’est-à-dire des anges du démon, pendant que dans sa forme elle-même elle représentait le démon, c’est-à-dire le serpent mis à mort ; soit que le sens de cette figure ait été révéle autrement à de plus dignes, puisque, suivant la déclaration