Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/26

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la respiration appartient à une autre substance : en attribuant cette propriété à l’âme que nous reconnoissons simple et uniforme, il est nécessaire de déterminer les conditions de cet esprit, esprit non pas dans son essence, mais dans ses œuvres, non pas à titre de nature, mais à titre d’effet, parce qu’il respire, et non parce qu’il est proprement esprit. Car souffler, c’est respirer. Ainsi cette même âme, que nous soutenons être un souffle, en vertu de sa propriété, nous la déclarons en ce moment un esprit, en vertu de la nécessité. D’ailleurs nous prouvons contre Hermogène qui lui donne pour origine la matière et non le souffle de Dieu, qu’elle est à proprement parler un souffle. L’hérétique en effet, au mépris de l’autorité de l’Ecriture, traduit souffle par esprit, afin que, comme il est incroyable que l’esprit de Dieu tombe dans la prévarication et bientôt après dans le jugement, on en conclue que l’âme provient de la matière, plutôt que de l’esprit de Dieu. Voilà pourquoi ailleurs nous l’avons déclarée un souffle, et non un esprit, avec l’Ecriture et d’après la distinction de l’esprit, tandis que dans ce moment nous la nommons à regret un esprit, à cause de la réciprocité de la respiration et du souffle. Ailleurs, la question roulait sur la substance ; car respirer est un acte de la substance.

Je ne m’arrêterais pas plus long-temps sur ce point, si ce n’était à cause des hérétiques qui introduisent dans l’âme, je ne sais quelle semence spirituelle, conférée par la secrète libéralité de la Sagesse, sa mère, et à l’insu de son auteur, tandis que l’Ecriture, qui sait un peu mieux les secrets de son Dieu et de son auteur, n’a rien promulgué de plus que ces mots : « Dieu souffla sur la face de l’homme un souffle de vie, et l’homme eut une âme vivante, » par laquelle il dut vivre désormais et respirer, faisant assez connaître la différence de l’âme et de l’esprit, dans les passages suivants, où Dieu lui-même parle ainsi : « L’esprit est sorti de moi, et j’ai créé toute espèce de souffles ; » en effet l’âme est un souffle né de l’esprit ; et