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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/274

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autres le peuvent, comment ne le pourriez-vous pas ? Sommes-nous d’une autre nature que vous ? Nous prenez-vous pour des monstres ? La nature nous aurait-elle donné d’autres dents pour les repas de chair humaine, un autre corps pour les voluptés incestueuses ? Si vous croyez ces horreurs d’un homme, vous êtes capables de les commettre. Vous êtes hommes comme les Chrétiens. Si vous ne pouvez les commettre, vous ne devez pas les croire : les Chrétiens sont hommes comme vous.

Mais, nous dira-t-on, on trompe, on surprend des ignorants ! Comme s’ils pouvaient ignorer les bruits qui courent à ce sujet, comme s’ils n’avaient pas le plus grand intérêt à les approfondir et à s’assurer de la vérité ! D’ailleurs, l’usage est que tous ceux qui demandent à être initiés abordent celui qui préside aux sacrifices, pour savoir de lui les préparatifs prescrits. Il leur dira donc : « Il vous faut un enfant qui ne sache pas ce que c’est que la mort, qui rie sous le couteau ; il vous faut du pain pour recueillir le sang qui jaillit, des candélabres, quelques torches, des chiens et des lambeaux de chair que vous jetterez à ces animaux, afin qu’en s’élançant sur la proie ils éteignent les flambeaux. Avant tout, amenez votre mère et votre sœur. » Mais si elles ne veulent point venir, ou si vous n’avez ni mère ni sœur, si vous êtes seul dans votre famille, vous ne serez donc pas reçu Chrétien ?

Quand même tous ces préparatifs auraient été faits à l’insu des initiés, du moins ils les auraient connus dans la suite, et ils les souffrent et ils ne se plaignent pas ! Craindraient-ils le châtiment ? Ils sont, sûrs, en nous accusant, de trouver des protecteurs. Après tout, ils aimeraient mieux mourir que de vivre sous le poids d’une telle conscience. Je veux que la crainte leur ferme la bouche. Pourquoi leur obstination à demeurer dans la secte ? Des engagements que l’on n’eût pas pris si on les eût connus, on les rompt aussitôt qu’on les connaît.

IX. Pour ajouter une nouvelle force à notre justification, je