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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/301

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était qu’un homme, plia les Romains au joug des plus gênantes superstitions. Ne sera-t-il pas permis au Christ de révéler le secret de la divine essence qui lui est propre ? Ne lui sera-t-il pas permis, je ne dis pas de chercher avec Numa à dompter, à humaniser un peuple grossier et farouche, en frappant ses sens par le spectacle d’une multitude de divinités qu’il fallait apaiser, mais de donner à des nations civilisées sans doute, que dis-je ? trompées par leur urbanité même, des yeux pour entrevoir la vérité ? Examinez donc si le Christ est vraiment Dieu, et si sa religion conduit à la réforme des mœurs et à la pratique du bien quiconque l’embrasse. Il s’ensuit que toute autre religion qui lui est opposée est fausse, particulièrement celle qui, se cachant sous des noms et des simulacres de morts, n’offre pour garantie de sa divinité que de vains symboles, que de prétendus prodiges et de ridicules oracles.

XXII. Nous reconnaissons des substances spirituelles, et leur nom lui-même n’est pas nouveau. Les philosophes savent qu’il y a des démons : Socrate n’attendait-il pas la réponse de son démon familier ? Et pourquoi pas ? Ne s’était-il pas attaché à lui dès son enfance ? et certes, ce n’était pas pour le porter au bien. Les poètes savent également qu’il y a des démons. La multitude la plus ignorante mêle ce nom dans ses jurements et ses imprécations ; c’est comme avec le sentiment d’une conviction intime qu’elle prononce par mode d’exécration le nom de Satan, chef d’une race perverse. Platon reconnaît aussi des anges. Ecoutons les magiciens ! Ils nous apprennent qu’il existe des démons et des anges. Mais comment de quelques anges qui se sont volontairement pervertis, est venue la race plus perverse encore des démons réprouvée par Dieu avec leurs auteurs et leur prince, c’est ce qu’il faut voir en détail dans les livres saints.

Il suffira de parler de leurs opérations, dont le but unique est la ruine de l’homme. Dès le berceau du monde, leur