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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/352

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qui se tiennent cachés pour ravager le troupeau de Jésus-Christ ? Qui sont les faux prophètes, sinon les docteurs de l’erreur ? Qui sont les faux apôtres, sinon les corrupteurs de l’Evangile ? Qui sont les antechrists à présent et dans tous les temps, sinon des hommes rebelles à Jésus-Christ ? Il y a actuellement des hérésies qui ne déchirent pas moins l’Église par la perversité de leurs doctrines, que l’antechrist ne la déchirera un jour par la cruauté de la persécution ; avec cette différence que la persécution fait des martyrs, et que l’hérésie ne fait que des apostats. Il fallait, selon l’Apôtre, qu’il y eût des hérésies pour faire connaître ceux qui sont à l’épreuve, et des fureurs de la persécution, et de la séduction de l’hérésie ; car Paul n’appelle pas hommes à l’épreuve ceux qui abandonnent la foi pour l’hérésie, quoiqu’ils s’efforcent d’interpréter en leur faveur un autre texte du même Apôtre, qui dit : « Examinez tout, et gardez ce qui est bien : » comme si, après avoir mal examiné, on ne pouvait pas se tromper en choisissant ce qui est mal.

V. Si l’Apôtre s’élève contre les schismes et les divisions qui sont, sans contredit, des maux, et si, immédiatement après, il y joint les hérésies, il témoigne par là qu’il les regarde comme un mal plus considérable, puisqu’il croit qu’il y a des schismes et des divisions, parce qu’il faut qu’il y ait même des hérésies. La perspective d’un plus grand mal lui en rend un plus léger vraisemblable. Il prend de là occasion d’avertir qu’il ne faut pas se laisser troubler par les plus fortes tentations, dont le but est de faire connaître les vertus à l’épreuve, celles que l’hérésie n’a pu ébranler. Enfin, si le passage de l’Apôtre ne tend qu’à maintenir l’union et à éteindre toutes les divisions, et si les hérésies ne sont pas moins contraires à l’union que les schismes et les dissensions, il s’ensuit manifestement que l’Apôtre range les hérésies et les schismes dans la même classe, et qu’il est bien éloigné, par conséquent, de regarder comme des hommes à l’épreuve ceux qui se sont