Aller au contenu

Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nie la résurrection de la chair ; il n’admet qu’un seul apôtre[1], celui de Marcion ; encore ne l’admet-il pas tout entier. Il n’y a de salut que pour les ames, ajoute-t-il. De plus, il a des écritures particulières, mais bizarres ; il les appelle les Révélations d’une certaine Philumène, qu’il suit comme une prophétesse. Joignez à ces révélations des traités, composés par lui, et auxquels il a donné le nom de Syllogismes, où il essaie de prouver que tout ce que Moïse a écrit sur Dieu n’est pas véritable, mais imaginé à plaisir.

LII. A tous ces hérétiques, il faut joindre encore un certain Tatien, qui fut disciple de Justin le martyr. Après la mort de son maître, il se mit à penser différemment ; car sa doctrine tout entière ressemble à celle de Valentin ; il se contenta d’y ajouter ce point : Adam ne peut obtenir le salut ; comme si, alors que les branches sont sauvées, la racine ne l’était pas également.

Il vient encore d’autres hérétiques qui ont reçu leur nom des Phrygiens [2] ; mais ils se divisent dans leur doctrine. Les uns suivent Proclus et s’appellent de son nom ; les autres du nom d’Eschine. Ils ont, les uns et les autres, des blasphèmes qui leur sont communs et des blasphèmes qui leur sont particuliers, et servent à les distinguer. Voici les blasphèmes qui leur sont communs. Premièrement, le Saint-Esprit résidait dans les Apôtres, mais ils n’eurent pas le Paraclet. En second lieu, le Paraclet a révélé à Montan plus de vérités que le Christ n’en déposa dans son Evangile ; non-seulement plus de vérités, mais des vérités plus capitales et d’un ordre plus relevé[3]. Le

  1. L’Apôtre saint Paul, Marcion en retranchait une partie ; il voulait de plus que l’Apôtre eût proche une doctrine différente de celle de Jésus-Christ, et fût venu au nom de son Christ imaginaire.
  2. Ils sont connus sous le nom de Cataphryges.
  3. Si ces lignes appartiennent à Tertullien, comme le croient quelques commentateurs, il s’est condamné par ses propres paroles.