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TERTULLIEN.


prostitutions de Minerve et de Vulcain, est un monstre démoniaque, ou plutôt un démon véritable et non un reptile. S’il est vrai que ce Trochile d’Argos soit l’inventeur du char, il dédia son ouvrage à Junon, adorée dans sa patrie. Enfin, si c’est Romulus qui attela le premier un quadrige à Rome, il doit être rangé lui-même au nombre des idoles, puisqu’il se confond avec Quirinus. Tels ont été les inventeurs des chars à quatre chevaux. Je ne m’étonne plus maintenant qu’ils aient couvert des livrées de l’idolâtrie les conducteurs de ces chars. Dans l’origine, ces livrées n’étaient que de deux couleurs, l’une blanche et consacrée à l’hiver, à cause de l’éclat de la neige ; l’autre rouge, et consacrée à l’été, à cause des rayons du soleil. Dans la suite, grâce aux progrès du plaisir et de la superstition, le rouge fut affecté à Mars, le blanc aux zéphyrs, le vert à la terre, mère du genre humain, ou au printemps ; l’azur au ciel, à la mer ou à l’automne. Mais Dieu ayant prononcé anathème contre toute espèce d’idolâtrie, il ne faut pas douter qu’il ne condamne aussi ces profanes consécrations aux éléments du monde.

X. Passons maintenant au théâtre, dont l’origine, les titres et l’administration sont les mêmes que ceux du Cirque, comme l’atteste sa première dénomination de jeux. L’appareil du premier ne diffère presque point de l’appareil du second. Pour se rendre à l’un ou à l’autre, il faut, au sortir des temples, des autels, du sang des victimes et d’un encens criminel, marcher parmi les flûtes et les trompettes sous la conduite du désignateur et de l’aruspice, chefs infâmes, l’un des sacrifices, l’autre des funérailles.

De même que l’origine des jeux nous a conduit tout à l’heure au Cirque, de même, à propos du théâtre, nous commençons par examiner l’infamie du lieu. Le théâtre, à proprement parler, est le sanctuaire de Vénus. Ce genre d’édifice n’a paru dans le monde que sous cet étendard. Autrefois, lorsqu’il s’élevait quelque nouveau théâtre, il arrivait souvent aux censeurs de le détruire dans l’intérêt