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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/480

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que c’est le nom qui doit être jugé sur la chose. Toutefois, les hommes ainsi décriés ne sont plus des nôtres ; ils ne fréquentent plus nos assemblées ; ils ne prient plus avec nous ; ils sont rentrés dans vos rangs par leurs vices : nous ne voulons plus même rien avoir de commun avec ceux que votre cruauté et vos supplices ont forcé d’apostasier. Or, nous admettrions plus volontiers parmi nous ceux qui ont abandonné notre loi malgré eux, que ceux qui l’ont trahie volontairement. Mais, d’ailleurs, vous n’avez aucun droit de nommer Chrétiens ceux qui renient les Chrétiens eux-mêmes qui ne savent pas ce que c’est que de se renier.

VI. Toutes les fois que votre conscience, témoin de sa secrète ignorance, et refoulée et comme tenue à la chaîne par ces déclarations et ces réponses, que la vérité nous suggère d’elle-même, vous vous réfugiez tout hors d’haleine auprès de l’humble autel que l’on appelle l’autorité des lois. Le législateur, dites-vous, ne frapperait pas les Chrétiens, s’il n’était convaincu de leur scélératesse. Pourquoi donc alors les exécuteurs des lois n’exigent-ils pas aussi cette conviction, comme cela se pratique pour tous les autres crimes ? Les lois ont beau les condamner, la peine n’est appliquée qu’autant qu’ils sont prouvés. S’agit-il, par exemple, d’un homicide, d’un adultère, la loi les a condamnés d’avance. On commence par discuter le fait, quoique tous connaissent quel est le fait en question. Les lois punissent le Chrétien. D’accord. Le crime commis par le Chrétien doit être prouvé : aucune loi ne s’oppose à l’information ; que dis-je ? l’information est l’auxiliaire de la loi. Comment observerez-vous la loi, si vous fermez les yeux à ce qu’elle prescrit, si vous fermez les yeux à ce qu’elle défend, puisque vous êtes dans l’impuissance de connaître quelles sont vos obligations ? Point de loi qui ait en soi-même la conscience de sa propre justice ; c’est à ceux dont elle réclame la soumission de la reconnaître pour juste. D’ailleurs une loi est naturellement suspecte, du moment qu’elle décline