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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/484

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prouve ce qu’il dénonce, et pour l’auditeur qui fournit la preuve de ce qu’il a entendu.

— Voilà précisément ce qui a eu lieu, dites-vous. On a surpris une première fois les Chrétiens. Après la dénonciation, les preuves. On a tout vu, tout entendu : de là vient votre mauvaise réputation.

— Certes, voilà qui surpasse tout sujet d’étonnement. Quoi ! nous avons été surpris une fois, et nous continuons toujours ! C’est qu’apparemment nous sommes corrigés. Mais il n’en est rien. Nous portons le même nom, nous gardons la même foi, nous devenons de jour en jour plus nombreux, d’autant plus haïs que s’accroît notre multitude la haine s’étend avec la matière de la haine. Mais quand le nombre des coupables grossit, pourquoi donc le nombre des délateurs ne grossit-il pas avec les crimes ?

Ce que je n’ignore pas, c’est que nos réunions sont maintenant connues. Vous savez quel jour et en quel lieu nous nous rassemblons ; aussi sommes-nous surveillés, assiégés, et comme captifs jusqu’au milieu de nos réunions. Eh bien ! qui jamais est survenu lorsque les restes d’un enfant, à demi dévoré, fumaient encore ! Qui jamais a surpris sur un pain ensanglanté la trace de nos dents ? Qui jamais, apportant soudain un flambeau au milieu de nos ténèbres, a découvert les vestiges, je ne dirai pas de quelque inceste, mais de la moindre action déshonnête ? Si nous obtenons à prix d’or qu’on ne produise point au grand jour ces horreurs, pourquoi nous accable-t-on de toutes parts ? On ne peut plus dès lors nous dénoncer. Qui, en effet, vend ou achète la révélation de quelque crime, sans les preuves du crime lui-même ?

Mais pourquoi des espions et des témoins étrangers, puisque vous pouvez nous arracher l’aveu public de nos crimes, soit en nous les exposant après en avoir été vous-mêmes les témoins, soit en les découvrant plus tard, si on vous les cache aujourd’hui ? Vous ne l’ignorez pas : ceux qui veulent se faire initier ont coutume de se présenter devant