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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/485

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le maître ou le chef des sacrifices. Allez le trouver ; il vous dira : « Il faut que vous apportiez un enfant qui vagisse encore, afin que nous l’immolions, et un peu de pain pour le tremper dans son sang ; il vous faudra en outre des flambeaux que doivent renverser des chiens attachés l’un à l’autre, puis encore des lambeaux de chair pour jeter à ces animaux. Vous n’oublierez pas non plus votre sœur ou votre mère. » Mais, si vous n’en avez pas, qu’arrivera-t-il ? Il est probable que vous ne serez pas reçu chrétien. Or, je vous le demande à vous-mêmes, de telles accusations peuvent-elles être écoutées quand elles sortent d’une bouche étrangère ? Mais elles ne sont pas l’ouvrage d’un seul : il est impossible d’en connaître tous les auteurs. On commence par calomnier ; puis vient un second qui ajoute les festins sanglants ; un troisième parle d’unions incestueuses. L’ignorance accepte. Jamais ils n’ont rien appris des mystères chrétiens. Il est impossible cependant qu’ils ne connaissent pas des rites que devront pratiquer ceux qu’ils introduisent. D’ailleurs, combien n’est-il pas ridicule que des profanes sachent ce qu’ignore le prêtre ! Comment donc se fait-il qu’aucun de ceux qui sont nouvellement initiés gardent le silence sur nos festins de Thyeste, sur nos mariages d’OEdipe, sans en être épouvantés aussitôt, et courir les dénoncer au peuple ? Mais non, il paraît qu’à peine instruits de ce qui se passe chez nous, ils s’y affectionnent bientôt plus que leurs maîtres eux-mêmes. Si l’on ne parvient à prouver aucune de ces monstruosités, il faut que notre religion renferme quelque chose de bien sublime, pour qu’elle puisse vaincre le dégoût de pareilles horreurs.

Ô nations mille fois dignes de pitié ! approchez ; voilà que nous vous offrons l’épreuve de notre initiation. A ceux qui croient et obéissent, notre loi promet la vie éternelle ; elle menace en même temps les profanes et les rebelles d’un supplice sans fin dans les flammes éternelles. C’est pour l’une ou l’autre de ces destinées qu’elle prêche la résurrection