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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/503

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à l’inceste, le sera aussi à la volupté. S’il en est une qui, par une nature particulière, s’éloigne de la condition humaine jusqu’à n’être soumise ni à l’ignorance, ni aux accidents, elle seule aura le droit d’adresser des reproches aux Chrétiens. Mais vous, à défaut de peuples que le flux et le reflux de l’erreur pousse vers ce crime, jetez un moment les yeux sur vos débauches en l’air et vos prostitutions au hasard. Mais surtout, quand vous abandonnez vos enfants à la compassion étrangère, ou que vous les confiez par l’adoption à de meilleurs pères, oubliez-vous combien d’aliments et d’occasions vous fournissez à l’inceste ? Les plus sévères d’entre vous, retenus par quelque frein moral ou par la crainte de ces malheurs, s’interdisent ces unions scandaleuses ; mais, pour le plus grand nombre, combien de fois n’arrive-t-il pas que les fruits de leur incontinence, semés en tous lieux, aux champs, à la ville, en voyage, par l’adultère, par la fornication, dans les lieux de débauche, souvent même à votre insu, s’allient ensemble ou avec les auteurs de leurs jours ? De là, quelle déplorable confusion du sang et des familles ! que de sujets de bouffonneries et de farces licencieuses ! La tragédie suivante n’a pas d’autre origine.

Lorsque Fuscianus était préfet de Rome, une certaine nourrice sortit de la maison de son maître et laissa sur le seuil de la porte l’enfant qu’elle aurait dû garder. Un Grec, gardien de la porte, s’empara de l’enfant, et s’enfuit avec lui en Asie. Au bout de quelques années, il le ramène à Rome pour l’y mettre en vente. Son père l’achète sans le connaître, et s’en sert honteusement. Quelque temps après, il s’en dégoûte, et l’envoie travailler aux champs, comme cela vous est assez ordinaire. Il y trouva son ancien pédagogue et sa nourrice, confinés là depuis longtemps en punition de leur négligence. Chacun d’entrer en conversation et de se raconter mutuellement leurs aventures. Les vieux esclaves de dire qu’ils ont perdu le jeune enfant confié à leurs soins ; le nouveau venu de dire qu’