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Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/504

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il a été dérobé dans son enfance, mais qu’il est né à Rome, d’une famille distinguée. Peut-être même a-t-il quelques signes à montrer pour faire constater qui il est : Dieu l’a permis, sans doute, pour qu’une si horrible tache fût imprimée au front du siècle. La mémoire se réveille de jour en jour. On compare les temps, ils répondent exactement à l’âge du jeune homme ; les yeux se rappellent quelques-uns de ses traits ; on reconnaît sur son corps quelques marques distinctives. Les maîtres, ou plutôt les parents, excités par l’ensemble de toutes ces circonstances, font venir le marchand d’esclaves. Tout est dévoilé. Mais quel dénouement ! les parents s’étranglent de désespoir. Le préfet Fuscianus adjuge tous leurs biens à ce fils, infortuné survivant, non pas à titre d’héritier, mais comme salaire du déshonneur et de l’inceste. Il suffit de ce seul exemple de la honte publique pour attester tous vos crimes secrets. Dans l’ordre des choses humaines, il n’est aucun événement qui n’arrive qu’une fois, quoique souvent on ne le découvre qu’une fois. Vous accusez les mystères de notre religion, si je ne me trompe. Vous en avez de semblables, mais sans que la religion vous les prescrive.

XVII. Quant à l’orgueil et à l’opiniâtreté que vous nous reprochez, ici encore les comparaisons ne me manqueront pas. Le premier grief contre notre opiniâtreté, c’est que nous sommes impies envers la majesté des Césars, qui est la seconde religion, parce que nous n’adressons pas de vœux à leurs images et que nous ne jurons pas par leurs génies. Voilà pourquoi on nous appelle des ennemis publics ; voilà pourquoi on nous appelle des ennemis de l’État. Eh bien ! à la bonne heure. Vous autres Gentils, cependant, vous choisissez tous les jours vos Césars parmi les nations ; l’un est médique, l’autre persique, un troisième germanique. Que le peuple romain cherche donc sur la terre des nations qu’il n’ait pas encore domptées, et qui soient étrangères à ses armes. Vous, cependant, vous conspirez contre nous par ceux qui ont été des nôtres. En vérité,