Aller au contenu

Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/526

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ayant pas assez probablement de leurs crocodiles et de leur serpent. Car c’était trop peu que d’avoir déjà divinisé un homme. Je veux parler de celui qui est célèbre, non pas seulement dans l’Égypte ou dans la Grèce, mais dans tout l’univers. Les Africains ne jurent que par lui si l’on veut savoir quelque chose de certain sur son compte, il est vraisemblable qu’il faut le demander à nos saintes Lettres.

En effet, ce Sérapis n’est pas autre chose qu’un certain Joseph. . . . . . de la race des saints, le plus jeune de ses frères, mais aussi le plus honoré. Ceux-ci l’ayant vendu par jalousie à un marchand qui l’emmena en Égypte, il devint l’esclave du Pharaon qui régnait alors dans cette contrée. Une reine impudique le poursuivit de ses désirs. Il refusa d’y céder ; mais alors, calomnié par elle, il fut jeté en prison par le roi. Dans son cachot, il attesta l’énergie de son esprit, par l’interprétation de quelques songes obscurs. Vers cette époque, le roi lui-même eut deux songes terribles ; il fit rassembler tous les sages pour les lui expliquer : mais vainement. Il appela Joseph du fond de sa prison. Joseph expliqua aussitôt le songe. « Les sept vaches grasses, dit-il, signifient sept années d’une grande abondance ; les sept vaches maigres qui les suivent, annoncent sept années de stérilité. » Il recommanda ensuite au roi de profiter de l’abondance précédente pour rassembler des provisions contre les périls de la famine. Le roi crut à ses paroles : l’événement ne manqua jamais de confirmer les prédictions de l’homme juste, saint et si nécessaire. Le Pharaon le mit aussitôt à la tête de l’Égypte, pour veiller à l’administration et aux approvisionnements. Le peuple le surnomma Sérapis, à cause du diadème de cheveux qui couronnait sa tête. Ce diadème, qui a encore la forme d’un boisseau, rappelle la mémoire de ses approvisionnements : les épis qui l’environnent sont une preuve de plus que le soin de ces approvisionnements reposait sur sa tête. Les Égyptiens l’ont représenté avec un chien sous sa