Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/64

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d’ailleurs de l’horreur qu’inspire un mort de sept ans, il s’échappe tout à coup du sanctuaire du mensonge, comme s’il eût été rendu par les enfers. On l’avait cru mort, qui ne l’aurait cru ressuscité, surtout en apprenant de sa bouche sur des hommes disparus après lui des particularités qu’il ne pouvait avoir connues qu’aux enfers ?

Telle est l’origine de la tradition antique d’après laquelle les morts revivraient. Mais qu’en penser si elle est récente ? La vérité n’a pas plus besoin de l’ancienneté que le mensonge n’évite la nouveauté. Toutefois, malgré la noblesse de l’antiquité, nous déclarons cette tradition complètement fausse. Et comment ce qui n’a pour appui que le témoignage d’un imposteur ne serait-il pas faux ? Comment ne croirai-je pas que Pythagore me trompe quand il ment pour me décider à croire ? Comment me persuadera-t-il qu’avant d’être Pythagore il fut Æthalide, Euphorbe, Pyrrhus le pêcheur et Hermotime, afin de me persuader que les morts revivent, puisqu’il s’est parjuré une seconde fois, en se donnant pour Pythagore ? En effet, plus il serait admissible qu’il eût ressuscité une fois par lui-même, au lieu d’avoir été tant de fois différent de lui-même, plus celui qui a menti dans des choses vraisemblables, m’a trompé dans celles qui révoltent ma raison.

— Mais il a reconnu pour être le sien le bouclier d’Euphorbe, consacré dans le temple de Delphes, et il l’a prouvé par des signes inconnus au vulgaire.

— Souviens-toi de son sépulcre souterrain, et si cela se peut, crois-le. A quelle audace n’a point recouru, quelle mystérieuse investigation n’a point tentée, pour parvenir à la connaissance de ce bouclier, un homme qui a pu imaginer une pareille invention, en cachant pendant sept années sa vie qu’il livrait aux angoisses de la faim, de l’