Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 3.djvu/12

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de l’autre, les nations ou nous-mêmes. Les deux peuples ont été nommés également nations, de peur que l’un des deux ne s’attribuât, exclusivement à l’autre, le privilège de la grâce. Dieu, en effet, « désigna deux peuples, deux nations, comme devant sortir du sein d’une seule femme, » et il n’attacha point la grâce à la différence des noms, mais à l’ordre de la naissance, « de manière que celui qui naîtrait le premier, fût soumis au plus jeune, » en d’autre termes, à celui qui viendrait après. C’est dans ce sens que Dieu dit à Rébecca : « Deux nations sont en ton sein, et deux peuples sortiront de tes entrailles : un de ces peuples triomphera de l’autre, et l’aîné servira le plus jeune. »

C’est pourquoi, puisqu’il est reconnu que le peuple juif est la nation qui est venue la première dans l’ordre des temps, et qu’elle a été l’aînée par la grâce de sa vocation à la loi, tandis que notre peuple est le plus jeune, attendu qu’il n’a obtenu la connaissance de la divine miséricorde que vers la fin des temps, il ne faut pas douter, suivant l’oracle sacré, que le premier peuple qui est notre aîné, c’est-à-dire le peuple juif, ne soit nécessairement, asservi au plus jeune, et que le plus jeune, c’est-à-dire encore le peuple chrétien, ne triomphe de l’aîné. Car, si j’interroge les divines Ecritures, j’y vois que le premier de ces deux peuples, par le temps, abandonna Dieu pour servir des idoles, et, transfuge de la divinité, s’agenouilla devant de vils simulacres, témoin ce que le peuple dit à Aaron : « Faites-nous des dieux qui marchent devant nous. » Aussitôt que l’or qui provenait des bracelets des femmes et des anneaux des hommes, eut été fondu par la flamme, et que la tête d’un stupide animal fut sortie de la fournaise, Israël, répudiant son Dieu, rendit hommage à l’idole en ces mots : « Voilà les dieux qui nous ont tirés de la terre d’Égypte. » Il en fut de même plus tard, quand les rois leur commandaient. Nous les voyons adorer avec Jéroboam des génisses d’or, honorer les bois sacrés, et se prostituer à